21

 

— Autrefois, on appelait ce plateau l’Esplanade de Rê.

Moshem contempla le profil d’Ankheri découpé dans la lumière du soleil levant. Depuis la mort d’Hotarâ, les deux jeunes gens venaient régulièrement à Saqqarâh afin de porter des offrandes au kâ du vieil homme. Cette promenade leur permettait de se retrouver seuls loin de la demeure où sévissait la perfide Saniout, qui ne décolérait pas depuis l’épisode des couvertures. Promu intendant, Moshem n’avait plus de comptes à rendre à l’épouse du maître. Il avait pris sa tâche à cœur et avait su se faire accepter par les différents chefs des ateliers ou des entrepôts. On s’était étonné au début de voir à ce poste un homme aussi jeune. Moshem n’avait que vingt-deux ans. Mais sa profonde intelligence, alliée à son esprit de justice, avait séduit tous ceux qui travaillaient pour le seigneur Nebekhet.

Seule Saniout, et pour cause, n’avait pas digéré la nomination de Moshem. Ruminant de sombres projets de vengeance, elle guettait la moindre défaillance de sa part. Elle avait bien remarqué que les deux jeunes gens s’étaient rapprochés depuis l’épisode des couvertures. Elle les avait fait surveiller afin de déterminer s’il existait entre eux une liaison coupable qu’elle aurait pu dénoncer à son mari. Mais Moshem et Ankheri se montraient prudents. Dans la demeure, leur comportement ne pouvait prêter à confusion. Ankheri continuait à traiter Moshem comme le serviteur qu’il était toujours. Ils avaient appris à se méfier des esclaves que Saniout laissait traîner régulièrement non loin d’eux.

Ils avaient pris l’habitude de se rejoindre sur le plateau de Saqqarâh, où ils savaient que Saniout ne se rendait jamais. Afin de déjouer une éventuelle filature, ils partaient séparément, dans des directions différentes. Cependant, même si on les avait surpris ensemble, les offrandes à Hotarâ justifiaient leur présence. Tous deux avaient d’excellentes raisons d’entretenir la maison d’éternité du vieil homme.

À Saqqarâh, Moshem avait découvert un aspect de la vie égyptienne qu’il n’aurait jamais imaginé. C’était comme une seconde ville qui se dressait en bordure du plateau. L’endroit était surprenant à plus d’un titre. Les Égyptiens étaient intimement persuadés que la vie ne s’arrêtait pas avec la mort, mais que celle-ci n’était qu’un passage vers le royaume d’Osiris. La coutume voulait que l’on fît momifier son corps afin d’assurer sa survie. L’âme, le bâ, pouvait ainsi se réunir à lui pour reprendre vie.

Chaque Égyptien qui en avait les moyens consacrait une partie de ses revenus à se faire construire un tombeau. En bordure du plateau s’étirait ainsi une vaste nécropole aux mastabas de brique crue.

On y jouissait d’une vue magnifique sur la vallée. Cette cité réservée aux morts avait angoissé Moshem la première fois qu’il s’y était rendu. Ses convictions religieuses différentes ne l’avaient pas préparé à pénétrer dans un lieu si étrange, où erraient sans aucun doute des milliers d’esprits défunts. Sa réaction avait amusé Ankheri, qui, au grand étonnement du jeune homme, ne montrait aucune frayeur. Elle lui avait enseigné les croyances égyptiennes, lui avait présenté les tombeaux, la manière dont ils étaient entretenus, les jardins fleuris qui les entouraient, leur agencement.

— Après la mort, avait expliqué Ankheri, le défunt est guidé par le dieu Anubis, celui que l’on représente avec une tête de loup. Il est le fils d’Osiris et de Nephtys. La légende dit qu’il aida Isis à reconstituer le corps du dieu à peau verte[36] lorsque celui-ci fut tué par Seth. Car Osiris fut le premier momifié, et le premier ressuscité. Après avoir subi plusieurs épreuves, le mort est enfin amené devant lui. S’il s’est bien conduit durant sa vie terrestre, son âme demeure légère, plus légère que la plume de la Maât. Alors, il embarque sur la barque sacrée d’Osiris, et il vit éternellement sur les rives du Nil céleste. Mais, pour cela, il doit être momifié, afin que son âme puisse reprendre vie dans son corps, comme le fit Osiris.

— Que se passe-t-il si l’âme est plus lourde que la plume de la Maât ?

Elle frissonna puis répondit dans un souffle :

— On dit qu’un monstre terrifiant dévore les âmes sombres. Un serpent, ou un crocodile géant, on ne sait pas vraiment.

Chaque mastaba ressemblait à une petite demeure, réplique de celle que le défunt avait habitée, afin, disait Ankheri, qu’il puisse continuer à se sentir chez lui. Ainsi trouvait-on dans ces mausolées des meubles, de la vaisselle, des objets usuels ayant appartenu au disparu. Régulièrement, on lui portait de la nourriture et de la boisson. Les offrandes étaient nécessaires au mort afin qu’il puisse continuer à se nourrir. Les présents, fruits, viandes, gâteaux, pains, flacons de bière ou de vin, étaient déposés dans une petite pièce. Dans le mur était percé un orifice, à hauteur de vue. Derrière se situait le serdab, une autre pièce dans laquelle était installé le kâ, une statue en bois d’ébène qui représentait le double du mort. Ainsi pouvait-il, par l’intermédiaire de la statue, se réjouir des cadeaux qu’on lui apportait. Moshem avait eu un peu de mal à comprendre comment une statue pouvait à ce point symboliser un mort. Ankheri lui avait expliqué que la sculpture revêtait aux yeux des Égyptiens une importance capitale. Le sculpteur était investi d’un pouvoir sacré, celui de redonner la vie. Les statues n’avaient pas à proprement parler de vie propre, mais elles l’abritaient. Aussi était-il important pour un Égyptien fortuné de posséder dans son tombeau une statue à son effigie.

Chaque mastaba était en outre agrémenté d’un jardin où l’on avait planté un arbre, sycomore ou acacia. On y ajoutait des fleurs pour l’égayer.

— Ces arbres sont sacrés, dit la jeune fille. Ils appartiennent à la déesse Hathor, qui accueille les morts sur les rives du Nil céleste. Alors, ils peuvent se reposer à leur ombre.

Au début, Moshem avait estimé un peu morbide cette dévotion aux morts. Puis il s’était rendu compte que la nécropole ne reflétait aucune tristesse, mais au contraire une formidable joie de vivre. Il avait alors découvert l’un des aspects les plus surprenants de l’âme égyptienne. Cette dévotion était en réalité l'expression d’un amour extraordinaire de la vie ; les Égyptiens refusaient la mort avec une telle conviction qu’ils en avaient fait un passage vers une autre vie, reflet embelli de celle qu’ils avaient menée sur les bords du fleuve-dieu.

Ankheri et Moshem n’étaient jamais seuls dans ce lieu étonnant. Nombre de citadins de Mennof-Rê et d’ailleurs s’y promenaient régulièrement afin de porter des offrandes à leurs disparus. On s’y retrouvait entre amis pour bavarder joyeusement. Parfois, les familles apportaient de quoi se restaurer et l’on pique-niquait à proximité des mastabas, afin de bien montrer aux morts qu’on ne les oubliait pas.

L’animation de la nécropole s’était accrue depuis le début du chantier de la cité sacrée. Ce lieu mystérieux ne laissait pas d’étonner Moshem. Il avait vu, quelques mois plus tôt, le roi lui-même déterminer les limites de cette cité. Depuis, les travaux avançaient vite, modifiant peu à peu le paysage. On avait abattu les grands arbres tout autour du périmètre de l’enceinte sacrée. Puis on avait nivelé le terrain. Des centaines d’ouvriers travaillaient sans relâche à dresser un étrange monument haut d’une vingtaine de coudées, aux murs obliques, dont les dimensions ne cessaient de croître. Moshem, qui ignorait tout de l’architecture, se demandait quel serait l’aspect final de l’édifice. Celui-ci rappelait vaguement un carré qu’il estimait déjà à près de quatre-vingts coudées de longueur. Et toujours les ouvriers rajoutaient des blocs de calcaire afin de l’agrandir.

 

— C’est étrange, dit-il un jour à Ankheri. J’ai connu voici quelques années, dans mon pays, une jeune princesse égyptienne à laquelle j’avais fait une prédiction.

Il eut un sourire désabusé.

— Je lui avais dit qu’elle deviendrait reine d’Égypte. Et pour une fois, je me suis trompé.

— Tu as connu une princesse égyptienne là-bas ? s’étonna sa compagne. Tu ne m’avais jamais parlé de ça.

Il ne répondit pas immédiatement.

— J’ai toujours un peu de peine à l’évoquer. C’était une femme très belle, très courageuse. Elle avait fui son pays déguisée en homme, afin d’échapper à un mariage dont elle ne voulait pas.

— En homme ?

— Elle voulait éviter d’attirer l’attention. Elle m’avait dit être à la recherche de son père.

— Parce que tu l’as bien connue…, s’étonna Ankheri, intriguée.

— Elle s’est jointe à notre caravane à Ashqelôn. Nous avons traversé le pays amorrhéen en direction du nord. Nous sommes passés par la Mer sacrée. C’est là que j’ai découvert qu’elle était une femme. Nous sommes remontés jusqu’à Byblos où elle a poursuivi sa route vers le nord. Les grandes inondations ont commencé peu après. Grâce à mes rêves prémonitoires, j’ai pu les prévoir et protéger ainsi ma tribu. Malheureusement, la colère de Ramman a tué nombre de personnes en Amorrhée. Des villes entières ont été balayées par les tempêtes. Et je crains que ma princesse n’ait disparu dans la tourmente.

Ankheri demeura longuement silencieuse.

— Tu étais amoureux d’elle…

— Oh non ! J’étais son ami, seulement son ami. D’ailleurs, elle aimait un prince égyptien dont j’ai oublié le nom.

— Mais son nom à elle, tu ne l’as pas oublié.

— Il reste gravé dans ma mémoire. Elle s’appelait Thanys.

— Thanys ?

Elle le regarda comme si elle le découvrait pour la première fois, puis elle déclara sèchement :

— Tu te moques de moi !

— Bien sûr que non ! Pourquoi te mentirai-je ?

— Et tu ignores ce qu’elle est devenue.

— Elle a quitté Byblos pour Ebla, il y a de cela plusieurs années, juste avant les grandes tempêtes. Sans doute a-t-elle péri. Lorsque je suis arrivé en Égypte, j’ai espéré un moment qu’elle était devenue la reine de ce pays, comme je le lui avais prédit. Mais on m’a dit que la Grande Épouse se nommait Nefert’Iti. C’est alors que j’ai compris que ma princesse avait disparu, et que je m’étais trompé.

Ankheri secoua la tête et murmura :

— Non, tu ne t’es pas trompé.

— Comment ça ?

— Parle-moi de ta princesse ! Décris-la-moi. Comment était-elle ?

— Très jolie, avec des yeux verts semblables à de la malachite. Jamais je n’ai vu une femme manier un arc avec autant de précision. Elle était de plus extrêmement savante. Même mon père aimait discuter avec elle, parce qu’elle semblait connaître plus de choses que lui. Ils restaient de longues heures à palabrer tous les deux. Mais le plus surprenant, c’était ce don qu’elle avait d’amadouer les animaux, même les plus féroces.

— Et tu ne l’as pas reconnue ?

— Reconnu qui ?

— La reine.

Moshem demeura interdit.

— La reine ne s’appelle pas Thanys, riposta-t-il nerveusement.

— Personne dans le peuple ne lui donne plus ce nom. Il est réservé à ses amis intimes, et à l’Horus. Nefert’Iti est son nom de reine.

Abasourdi, il resta un long moment sans mot dire. Puis la nouvelle emplit son esprit.

— Mais alors… cela veut dire que Thanys est vivante !

— Bien sûr !

— Il faut que je la revoie. Crois-tu qu’elle acceptera de me recevoir ?

— La Grande Épouse est une personne d’une grande bonté. Si tu as été son ami, elle te recevra sans difficulté.

Les yeux de Moshem se mirent à briller.

— Te rends-tu compte, Ankheri ? Elle refusera que je demeure esclave. Elle me fera libérer.

La jeune fille se renfrogna.

— Et tu me quitteras…

— Mais non ! Cela veut dire que je pourrai enfin t’épouser. Parce que je deviendrai un homme libre d’Égypte.

Il lui prit les mains.

— Écoute ! Il y a un autre songe que je ne t’ai pas encore raconté, parce que j’avais fini par ne plus y croire. Dans ce rêve, je voyais un homme et une femme ; un roi et une reine. Devant eux s’étirait un grand champ de blé. Derrière eux, il y avait une ville immense, toute blanche, une ville qui ressemblait à Mennof-Rê. L’homme et la femme me souriaient. Tous les épis se courbaient devant eux, comme pour témoigner leur adoration. Et ces épis étaient aussi des hommes, tout un peuple dont moi-même je faisais partie. Ils m’ont appelé à leurs côtés, et les épis se sont inclinés devant moi, parce que j’étais devenu moi aussi un personnage puissant. Mais le plus extraordinaire, c’est que le visage de la femme était celui de Thanys.

— Celui de la reine…

— Oui ! La reine Nefert’Iti.

Il s’écarta d’elle et éclata de rire.

— C’est merveilleux, Ankheri. Ramman ne m’a pas abandonné. Il m’a amené ici comme esclave, afin d’éprouver mon courage. Mais il fera de moi un seigneur des Deux-Terres, et je serai l’ami de l’Horus et de la reine.

Il la prit dans ses bras et la fit tourner.

— Repose-moi, s’exclama-t-elle en riant à son tour.

— Je ne suis pas un esclave, ma belle. Moi aussi, je serai riche et puissant. Et tu deviendras mon épouse.

— Tu es fou !

— Quand pourrai-je parler à la reine ? insista-t-il.

— Dès que possible, répondit-elle. Mais je ne peux rien faire seule. Il faut attendre le retour de mon père. Tu lui conteras ton histoire. Si tu as connu la reine aussi bien que tu le dis, je pense qu’elle demandera à te voir très vite.

La joie de Moshem faisait plaisir à voir. Ses yeux brillants, ses dents blanches achevèrent de séduire la jeune fille. Alors, ce soir-là, parce qu’elle était persuadée que bientôt elle serait l’épouse d’un prince amorrhéen, elle céda à l’envie étrange qui lui brûlait les entrailles depuis quelque temps. Elle entraîna le jeune homme dans un recoin secret qu’elle connaissait, tout au fond du jardin de son père et, pour la première fois, elle se donna à lui.

Il ne faisait aucun doute dans l’esprit d’Ankheri qu’au retour de Nebekhet le roi affranchirait Moshem et lui confierait quelque tâche importante afin de plaire à la reine.

 

C’était compter sans le destin qui aime souvent brouiller les cartes. Les épreuves du jeune homme n’étaient pas encore terminées. En fait, elles ne faisaient que commencer.

La première pyramide II
titlepage.xhtml
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_000.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_001.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_002.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_003.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_004.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_005.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_006.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_007.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_008.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_009.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_010.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_011.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_012.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_013.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_014.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_015.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_016.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_017.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_018.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_019.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_020.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_021.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_022.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_023.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_024.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_025.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_026.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_027.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_028.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_029.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_030.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_031.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_032.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_033.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_034.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_035.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_036.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_037.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_038.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_039.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_040.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_041.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_042.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_043.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_044.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_045.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_046.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_047.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_048.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_049.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_050.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_051.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_052.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_053.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_054.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_055.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_056.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_057.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_058.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_059.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_060.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_061.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_062.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_063.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_064.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_065.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_066.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_067.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_068.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_069.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_070.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_071.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_072.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_073.htm
Bernard Simonay - La premiere pyramide II_split_074.htm